Les chrétiens affirment que le Messie est le fils de Dieu. Pures prétentions sans aucun fondement. Ils répètent simplement ce que d’autres impies affirmaient avant eux[1]
Nous avons déjà évoqué l’influence du paganisme sur le christianisme à travers ces paroles d’Arthur Beugnot : « Presque imperceptiblement, les coutumes païennes s’introduisirent dans l’Église ; la conversion nominale de l’empereur au début du 5ème siècle causa de grandes réjouissances : le monde, couvert d’un manteau de justice, entra dans le christianisme de Rome. Alors, l’œuvre de la corruption fit de rapides progrès. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu’il était réellement vainqueur : son esprit dirigeait à présent l’Église romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances et de pratiques superstitieuses. »[2] Dieu décrit dans le verset suivant l’influence des croyances païennes sur le dogme chrétien de la filiation divine de Jésus : « Les chrétiens affirment que le Messie est le fils de Dieu. Pures prétentions sans aucun fondement. Ils répètent simplement ce que d’autres impies affirmaient avant eux. »[3] Le théologien catholique français Alfred Loisy affirme à ce sujet : « L’influence de la philosophie hellénistique et de la mystique païenne sur le christianisme naissant paraît incontestable. »[4] Ce que le christianisme emprunte au paganisme c’est d’abord l’idée de la venue sur la terre d’un être divin – le verbe de Dieu en l’occurrence – qui devient homme, à l’image des dieux de la mythologie gréco-romaine. Les pères de l’Eglise le reconnaissent eux-mêmes. Ainsi Justin le Martyr interpelle les païens de culture grecque en ces termes : « Lorsque nous disons que Jésus-Christ a été produit sans union sexuelle, a été crucifié et est mort, et est ressuscité et est monté au ciel, nous ne proposons rien de nouveau ou de différent de ce que vous croyez concernant ceux que vous appelez les fils de Jupiter. »[5]
La trinité chrétienne, quant à elle, trouve son origine dans les triades païennes comme celle de l’Egypte ancienne avec Osiris, Isis et Horus. Dans la préface de L’Histoire du christianisme d’Edward Gibbon, on peut lire : « S’il est vrai que le christianisme a triomphé du paganisme, il n’en demeure pas moins que le paganisme a réussi à corrompre le christianisme. L’Église de Rome a remplacé le déisme pur des premiers chrétiens […] par l’incompréhensible dogme de la Trinité. Pareillement, de nombreuses doctrines païennes inventées par les Égyptiens et idéalisées par Platon ont été adoptées parce que considérées comme dignes de foi. » Paul, lui-même juif de culture grecque, a joué un rôle central dans l’introduction de la pensée hellénistique dans le christianisme. Bernard Shaw écrit à son sujet : « A peine Jésus renversa-t-il le dragon de la superstition que Paul le remit aussitôt sur pieds au nom de Jésus. »[6]
Le dogme de la rédemption, comme les autres croyances chrétiennes, fut emprunté aux religions païennes antiques où existe également le mythe du Fils de Dieu qui meurt pour le rachat des hommes. L’historien Arthur Findlay mentionne dans son livre intitulé The Rock of Truth (p. 45) seize hommes que les nations du passé ont considérés comme des dieux venus les sauver. Au nombre de ces sauveurs : Osiris en Egypte (1700 av. J.-C.), Baal en Babylonie (1200 av. J.-C.), Krishna en Inde (1000 av. J.-C.), Andhra au Tibet (725 av. J.-C.), Bouddha en Chine (560 av. J.-C.), Prométhée en Grèce (547 av. J.-C.) ou le perse Mithra (400 av. J.-C.).
[1] Coran 9, 30.
[2] Histoire de la destruction du paganisme en Occident, 1835, vol. 2, p. 264-266.
[3] Coran 9, 30.
[4] Les mystères païens et le mystère chrétien, Loisy, édition Nourry 1914, p. 358.
[5] The First Apology in Ante-Nicene Fathers, New York, Charles Scribner’s Sons, 1903, 1/169-170.
[6] Preface to Androcles and the Lion, Shaw, 1912, p. 108.