Qui, en dehors de Dieu, peut
pardonner les péchés[1]
Le dogme de la rédemption, pure invention, n’est pas sans conséquence. Il
détourne les hommes des bonnes actions et les incite à la transgression.
Comment espérer que les individus puissent vivre en paix et dans la vertu s’ils
croient que la simple foi en la crucifixion du Christ garantit le pardon de
leurs péchés, conformément à ces paroles de Paul : « Car tous ont péché et sont
privés de la gloire de Dieu; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce,
par le moyen de la rédemption qui est en Jésus Christ. C’est lui que Dieu a
destiné, par son sang, à être, pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire,
afin de montrer sa justice. »[2]
En outre, le dogme de la rédemption contredit le sacrement de
la pénitence – l’un des sept sacrements inventés par l’Église – par lequel
le prêtre pardonne les péchés à ceux qui s’en confessent devant lui. Ce
sacrement est d’ailleurs une hérésie pour les musulmans qui croient que seul
Dieu est en mesure de pardonner les péchés, comme l’indique ce verset : « Qui, en dehors de Dieu, peut pardonner les
péchés ? »[3] D’ailleurs, la Bible
confirme que Dieu peut pardonner tous les péchés : « C’est moi, moi qui
efface tes transgressions pour l’amour de moi, et je ne me souviendrai plus de
tes péchés. »[4] Néhémie
affirme, quant à lui : « Mais toi, tu es un Dieu prêt à pardonner, compatissant
et miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté. »[5]
Autre
hérésie pour les musulmans, la pratique catholique des indulgences qui
accordait aux cardinaux, évêques et autres abbés le droit de pardonner les
péchés contre un don à l’Église, et qui, au fil des siècles, s’est transformée en
un véritable commerce lucratif. Dans son Essai sur les mœurs, Voltaire
écrit à ce sujet que le pape Léon X, au début du XVIe siècle
« fit vendre, dans tous les États de la chrétienté, ce
qu’on appelle des indulgences, c’est-à-dire la délivrance des peines du
purgatoire, soit pour soi-même, soit pour ses parents et amis ». Cette
pratique, sévèrement critiquée par certains chrétiens, est l’une des
principales causes du schisme du XVIe siècle
qui aboutira à la Réforme et à la naissance du protestantisme.
Dès
1476, le pape Sixte IV décrète que les indulgences peuvent s’acheter pour
réduire le temps de purgatoire. Avec le développement de l’imprimerie, la
production des indulgences atteint des tirages massifs : la seule
abbaye de Montserrat en fait imprimer 200 000 entre 1498 et 1500. La plus célèbre des indulgences est celle
accordée aux chrétiens disposés à participer financièrement à la construction
de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome. Le pape Léon X (1513-1521) vend
ces indulgences au cardinal Albert de Brandebourg qui les revend aux fidèles,
avec l’accord du Pape, qui prélève une commission de 50%. Le prêtre dominicain
Johann Tetzel fut chargé de la prédication. On lui attribue notamment ce
slogan : « Aussitôt que l’argent tinte dans la caisse, l’âme s’envole
du purgatoire. »
Malgré la Réforme qui a sévèrement critiqué cette pratique, l’Église
accorde encore des indulgences. Dans le Catéchisme de l’Église catholique de
1992, l’Église réaffirme son droit à octroyer les indulgences « en vertu
du pouvoir de lier et de délier qui lui a été accordé par le Christ
Jésus ». Aussi, malgré la condamnation des protestants, l’Église
catholique a attribué des indulgences lors du jubilé de l’an 2000.