Ils ne l’ont ni tué, ni crucifié, mais furent seulement
le jouet d’une illusion. Tous ceux qui se sont opposés à ce sujet sont en
réalité dans l’incertitude la plus totale, formulant de simples
suppositions. Ils ne l’ont certainement pas tué, mais Dieu l’a élevé vers Lui[1]
La
croyance chrétienne en la crucifixion du Christ, à la base du dogme de la
rédemption, est-elle seulement fondée ? Le Coran a répondu à cette
question d’une manière catégorique qui ne laisse la place à aucune
interprétation : « Ils ne l’ont ni tué, ni crucifié,
mais furent seulement le jouet d’une illusion. »[2]
Indépendamment
de ce verset qui ne laisse aucun doute, on est en droit de douter du récit de
la crucifixion tel que rapporté dans les Évangiles, et ce, pour plusieurs
raison.
Première raison : selon Marc (14, 50) et Matthieu (26, 56),
aucun des disciples de Jésus ne fut témoin de la crucifixion puisque « tous
l’abandonnèrent, et prirent la fuite. » De même, aucun des auteurs des
évangiles et des épîtres ne fut témoin de la crucifixion puisqu’ils vécurent à
une époque postérieure. Il n’y eut donc pas de témoins oculaires connus et donc
dignes de foi de la crucifixion de Jésus ce qui nous amène à douter de la
réalité historique de cet évènement.
Deuxième raison : les évangiles canoniques se contredisent du
début à la fin du récit de la crucifixion. Et si l’on rejette les paroles de
Luc (7, 38), selon qui la femme pécheresse oignit Jésus au début de la vie
publique du Christ, et l’on retient les versions de Marc (14, 1-4) et Matthieu
(26, 2), qui situent cet épisode à la fin de sa vie publique, en prélude à la
crucifixion, deux jours avant la Pâque, ou encore le récit de Jean (12, 1-3)
qui situe l’événement six jours avant la Pâque, le reste du récit de cet
événement pourtant majeur du christianisme n’est qu’une succession de
contradictions et de divergences entre les évangélistes. Ainsi on apprend en
Marc 14, 12 et 15, 25 que la crucifixion eut lieu à la troisième heure, le
vendredi, après le repas pascal, tandis que Jean (19, 14) la situe vers la
sixième heure, le jeudi, avant le repas pascal. Non seulement ces deux récits
se contredisent l’un l’autre, mais contredisent également cette prophétie que
Matthieu attribue à Jésus : « Car, de même que Jonas fut trois jours et trois
nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois
jours et trois nuits dans le sein de la terre. »[3]
En effet, selon Jean 19, 39-40, Jésus fut enseveli le vendredi dans la nuit et
son sépulcre fut retrouvé vide avant l’aube du dimanche suivant. »[4]
Jésus ne serait donc pas demeuré en terre trois jours et trois nuits mais
seulement un jour et deux nuits.
Selon Matthieu 27, 44 et
Marc 15, 32 : « Les deux brigands, crucifiés avec lui, l’insultaient de la même
manière » alors que, selon Luc 23, 39-41, l’un des deux brigands l’injuriait
tandis que l’autre prenait sa défense. Et si les évangélistes sont incapables
de s’accorder sur l’inscription qui se trouvait au-dessus de la tête du
crucifié comme en Matthieu 27, 37, Marc 15, 26, Luc 23, 38 et Jean 19, 19, ni
même sur la langue utilisée comme en Luc 23, 38 et Jean 19:20, le pourront-ils
sur des récits qu’ils rapportent et qui occupent parfois plusieurs pages ?!
En
outre, à l’exception de ces paroles de Luc 22, 44-45 : « Alors un ange lui
apparut du ciel, pour le fortifier. Etant en agonie, il priait plus instamment,
et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre »[5]
– absentes d’ailleurs de nombreux manuscrits – on constate que Luc décrit
Jésus, dans les dernières heures de la prétendue crucifixion, comme un homme
calme et placide, contredisant en cela Marc qui décrit un homme angoissé et
désespéré.
Troisième raison : historiquement, il est faux d’affirmer que
Jésus est venu pour mourir volontairement pour les péchés des hommes. Les
récits des évangiles indiquent, au contraire, qu’il ne désirait pas mourir sur
la croix. Informé que ses ennemis complotaient pour le tuer, il demanda aux
apôtres d’acheter des épées (Luc 22, 36) et leur dit : « Mon âme est triste
jusqu’à la mort; restez ici, et veillez avec moi. Puis, ayant fait quelques pas
en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : mon Père, s’il est possible,
que cette coupe s’éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce
que tu veux. »[6] Selon
Marc, il dit : « Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi
cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. »[7]
Jésus n’a donc pas été crucifié, selon les termes explicites du Coran, un
autre homme l’ayant été à sa place, expliquent certains commentateurs
musulmans. L’islam rejoint toutefois la croyance chrétienne de l’Ascension
puisque le Coran précise que Jésus a été élevé au ciel : « Ils ne l’ont certainement pas tué, mais Dieu l’a
élevé vers Lui. »[8]
Voulant justifier l’injustifiable crucifixion du « Fils de Dieu », les
chrétiens – Paul en particulier – ont donc inventé le dogme du péché originel
et celui de la rédemption qui, comme les autres croyances de l’Eglise, ne
reposent sur aucun enseignement de Jésus et sont inconnu du judaïsme dont le
christianisme n’est pourtant que le prolongement.
[1] Coran 4, 157-158.
[2] Coran 4, 157-158.
[3] Matthieu 12, 40.
[4] Jean 20, 1.
[5] Afin qu’il ne soit pas
dit : « Quel est ce dieu qui a besoin qu’un ange vienne le fortifier, qui
prie instamment et qui sue le sang ? », ceux qui déifièrent Jésus
supprimèrent ce passage des Codex vaticanus et alexandrinus, du manuscrit de
Washington, du papyrus 69, du papyrus 75 (datant du 3ème siècle),
entre autres, alors qu’il est attesté dans le Codex sinaiticus et dans les
écrits des Pères de l’Église.
[6] Matthieu 26, 38-39. Ce
récit suffit à lui seul à prouver que Jésus n’est pas Dieu. A-t-on vu un Dieu
envahi par la tristesse, supplier un autre Dieu et se prosterner face contre
terre ?!
[7] Marc 14, 36.
[8] Coran 4, 157-158.