Napoléon et l’islam

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Christian Cherfils (1858-1926) est un sociologue français qui, dans son Bonaparte et l’Islam, démontre « la persistance de l’action profonde exercée sur Bonaparte par la religion du Prophète, qu’il aimait »[1]. Il reproduit pour cela certains textes de l’empereur français, tirés de ses mémoires, comme celui-ci : « L’islamisme attaque spécialement les idolâtres ; il n’y a point d’autre Dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète ; voilà le fondement de la religion musulmane, c’était, dans le point essentiel, consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus-Christ. »[2]

L’empereur français fait observer « comme bien digne de remarque, que du même coin de terre étaient sortis les trois cultes qui avaient déraciné le polythéisme, et couvert tout le globe de la connaissance d’un seul Dieu »[3]. Mais Bonaparte souligne l’expansion fulgurante de l’islam : « Mahomet fut prince ; il rallia ses compatriotes autour de lui. En peu d’année, ses Moslems conquirent la moitié du monde. Ils arrachèrent plus d’âmes aux faux dieux, culbutèrent plus d’idoles, renversèrent plus de temples païens en quinze années, que les sectateurs de Moïse et Jésus-Christ ne l’ont fait en quinze siècles. Mahomet était un grand homme. »[4]

Des dizaines de déclarations de Napoléon comme celles-ci, très favorables à l’islam, ont conduit Christian Cherfils et d’autres à affirmer que l’empereur français s’était converti à l’islam. Christian Cherfils affirme même que l’adhésion de Napoléon à l’islam est un fait historique rapporté par la presse de l’époque. Les lettres envoyées par Napoléon à certains dirigeants musulmans sont, de ce point de vue, sans ambigüité. Il débute ainsi un courrier destiné au chérif de la Mecque : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète ! »[5] Or, quiconque prononce sincèrement ces mots est un véritable musulman. Il envoie le 15 août 1799 un autre courrier, au Sultan du Maroc cette fois, débutant ainsi : « Il n’y a d’autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète ! Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Au Sultan du Maroc, serviteur de la Sainte Kasbah, puissant parmi les rois, et fidèle observateur de la loi du vrai prophète. »[6] Devant les gouverneurs et chefs religieux du Caire, il prononce ce discours : « Oulémas et seigneurs, je m’étonne du chagrin que vous cause ma victoire. Vous n’avez donc pas encore su m’apprécier, pourtant je vous ai souvent dit et vous ai répété que j’étais un musulman, que je croyais à l’unité de Dieu, que j’honorais le prophète Mahomet et aimais les musulmans. »[7]

Certains font cependant remarquer que ces courriers ont été envoyés, et que cette profession de foi a été prononcée, lors de la campagne d’Egypte. Ces paroles n’auraient donc qu’un but bassement politique : gagner le soutien des autorités religieuses et de la population contre l’ennemi héréditaire : l’Angleterre. C’est ainsi qu’expliquent ces paroles sans équivoque ceux qui ne veulent pas y voir une preuve de la conversion de Napoléon à l’islam. Cette théorie est toutefois mise à mal par les jugements que portera sur l’islam l’empereur déchu à Saint Hélène où il a été exilé et où il n’a aucun intérêt à encenser cette religion. C’est là en effet que Napoléon prononcera les paroles les plus favorables à l’islam et à son prophète, affirmant par exemple : « Puis enfin, à un certain moment de l’histoire, apparut un homme appelé Mahomet. Et cet homme a dit la même chose que Moïse, Jésus, et tous les autres prophètes : il n’y a qu’Un Dieu. C’était le message de l’Islam. L’Islam est la vraie religion. Plus les gens liront et deviendront intelligents, plus ils se familiariseront avec la logique et le raisonnement. Ils abandonneront les idoles ou les rituels qui supportent le polythéisme, et ils reconnaîtront qu’il n’y a qu’Un Dieu. Et par conséquent, j’espère que le moment ne tardera pas où l’Islam prédominera dans le monde. »[8] 

C’est également sur l’île de Saint Hélène qu’il affirmera : « Jésus se dit le Fils de Dieu et il descend de David ! J’aime mieux la religion de Mahomet, elle est moins ridicule que la nôtre »[9], ou encore : « La religion de Mahomet est la plus belle »[10]

Si rien ne permet d’affirmer avec certitude que Napoléon a embrassé l’islam, une chose est sûre, l’un de ses généraux durant la campagne d’Egypte, Jacques Menou, baron de Boussay, a franchi le pas de la conversion. Issu de la très ancienne famille Menou, il entre très tôt en maçonnerie et dans la carrière des armes. En 1798, il commande l’une des cinq divisions de l’armée d’Orient lors de la campagne d’Egypte. C’est là qu’il se convertit à l’islam, prenant le prénom d’Abdallah. Il épouse alors une Egyptienne, Zobeïda El Bahouad, qui appartient à l’une des grandes familles de Rosette dont il est le gouverneur, et qui lui donnera un fils, Jacques Mourad Solim.

Après le retour précipité de Bonaparte en France en 1799 et l’assassinat du général Kléber l’année suivante, Menou succède à ce dernier à la tête de l’armée d’Egypte comme général en chef. Après la défaite face aux Anglais, il est nommé gouverneur de Venise où il meurt dans l’exercice de ses fonctions en 1810. Le général Menou et sa conversion spectaculaire à l’islam ont vite été oubliés par l’Histoire, mais son nom figure tout de même sur l’arc de triomphe.Tiré du livre : 100 preuves irréfutables, Mouhammad est le Prophète de Dieu.



[1] Bonaparte et l’Islam, Christian Cherfils, Alcazar publishing, 2016, p. 187.

[2] Ibidem, p. 197.

[3] Ibidem, p. 195.

[4] Ibidem, p. 94.

[5] Ibidem, p. 28.

[6] Ibidem, p. 30.

[7] Ibidem, p. 72.

[8] Correspondance de Napoléon 1er– Journal inédit de Sainte Hélène, de 1815 à 1818 (Général Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éditions Comon et cie, 1847, tome 5, p. 518.

[9]  Journal de Sainte-Hélène 1815-1818 (Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1944, 1817, tome 2, p. 226.

[10]  Journal de Sainte-Hélène 1815-1818 (Gourgaud), Napoléon Bonaparte, éd. Flammarion, 1944, 1817, tome 1, p. 312.