L’Arabie redeviendra verte

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Le Prophète, paix et bénédictions sur lui, a annoncé il y a plus de quatorze siècles : « L’Heure ne sonnera pas avant que la péninsule arabique ne retrouve sa verdure et ses rivières d’antan. » (Mouslim, 157) De ces paroles du prophète, l’on déduit deux choses : la première est que, à une époque déterminée, l’Arabie fut verte et traversée de rivières, la seconde est qu’elle le redeviendra.

« L’Arabie verte » (Green Arabia) est précisément le nom de la conférence qui s’est tenue le 24 avril 2014 dans la ville d’Oxford, sous l’égide de la School of Archaeology de l’Université d’Oxford. Cette conférence, à laquelle ont participé des archéologues et des climatologues du monde entier, avait notamment pour but de présenter, à mi-parcours, les résultats du projet Palaeodeserts.

Ce projet, qui a mobilisé plus de 30 universitaires issus d’une douzaine d’institutions et de sept pays, et qui a bénéficié d’une subvention de 2,4 millions d’euros du Conseil européen de la recherche, devait étudier le lien étroit entre l’histoire de l’Humanité et les changements climatiques intervenus au cours des siècles dans la péninsule arabique. L’équipe Palaeodeserts, basée à l’Institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine en Allemagne, a travaillé dans diverses disciplines telles que la paléontologie, la géographie, la géochronologie ou la génétique animale et humaine.

Voici les conclusions de la conférence : le climat tempéré de la péninsule arabique à une certaine époque de l’Histoire, avec la présence de centaines de lacs, de rivières et de prairies, en avait fait un endroit parfaitement adapté à l’installation de nos ancêtres venant d’Afrique, berceau de l’humanité, avant que ces groupes humains ne se dispersent dans les autres régions de la terre. Le professeur Michael Petraglia, responsable du projet Palaeodeserts, a expliqué : « Nous l’avons appelé Arabie verte parce que, plusieurs fois dans le passé, l’Arabie saoudite fut verte, avec des prairies, des paysages boisés, des rivières et des lacs. »

Michael Petraglia, co-directeur du Centre pour l’Archéologie Asiatique à l’Ecole d’Archéologie de l’Université d’Oxford, explique comment est né ce projet : « A partir de photos du désert d’Arabie prises par la Nasa, nous avons pu voir tout un réseau sous-terrain de vallées fluviales et d’anciens bassins lacustres. »

Les conclusions de la conférence et les résultats du projet Palaeodeserts ont été largement relayés par la presse scientifique et même par les médias non spécialisés. Ainsi, sous le titre : L’Arabie verte joue un rôle clé dans l’évolution humaine, le site de la BBC publiait le 16 septembre 2015 un article de Sylvia Smith où l’on pouvait lire : « Les scientifiques ont mis en lumière le rôle central joué par la péninsule arabique dans l’exode de l’humanité à partir de l’Afrique. Loin d’être un désert, la région était autrefois recouverte d’une végétation luxuriante et traversée de rivières, offrant ainsi un riche terrain de chasse à nos ancêtres. » La journaliste a cité le chef du projet, Michael Petraglia : « La technologie innovante du satellite a permis de cartographier plus de 10 000 lacs à travers l’Arabie, y compris sous le désert aride du Néfoud. »

Avant même la tenue de la conférence, le 23 Février 2015, la BBC publiait un article de Michael Marshall qui écrivait : « L’Arabie est aujourd’hui un terrible désert, mais elle était autrefois luxuriante et aurait même pu accueillir les premiers groupes humains qui ont quitté l’Afrique. » Résumant les résultats obtenus par le groupe Palaeodeserts, le journaliste écrit : « Les conclusions de son équipe suggèrent que la mousson se propage en Arabie tous les 23 000 ans, permettant ainsi aux plantes et aux animaux de s’épanouir à intervalles réguliers dans cette région. »

Les scientifiques ont donc établi un lien entre, d’une part, l’existence en Arabie à une époque donnée d’un climat tempéré, de terres verdoyantes, de rivières et d’animaux, et l’installation de groupes humains ayant quitté le continent africain pour s’installer en Arabie avant d’essaimer vers le reste du monde lorsqu’un nouveau changement climatique s’est opéré.

Dans un article publié sur le site du New York Times, le 2 novembre 2018, Nicholas St. Fleur confirme que les traces d’une ancienne activité humaine découvertes dans le désert saoudien suggèrent que les premiers hommes qui se sont installés ont trouvé une région qui ressemblait à la savane est-africaine qu’ils ont laissée derrière eux. Il écrit notamment : « Sous le sable du désert d’Arabie se trouvent les preuves d’un passé plus humide et plus vert de la péninsule. Les fossiles d’éléphants, d’antilopes et de jaguars, disparus depuis longtemps, laissent envisager non pas une région aride mais une savane florissante parsemée de points d’eau. »

  Le journal émirati de langue anglaise, The National, dans un article consacré à la conférence d’Oxford, cite le professeur Petraglia : « Nous avons maintenant des preuves de cycles répétitifs à travers l’Histoire entre l’humidité et la sécheresse. Nous avons l’aridité et la formation de déserts, mais qui sont suivies de l’humidité et de la formation de lacs et de rivières. Cet environnement a attiré des populations à travers le Sahara et jusqu’en Arabie. On peut prédire que dans l’avenir les périodes humides réapparaîtront à travers le Sahara et l’Arabie. »

Non seulement l’Arabie fut verte, et à plusieurs reprises dans son histoire, mais elle le redeviendra, très précisément comme annoncé par le Prophète.

Lors de la conférence d’Oxford, Rick Potts et Adrian Parker ont tenté d’expliquer comment se sont produits ces cycles climatiques : « La péninsule se situe au confluent de trois systèmes climatiques majeurs : les vents d’ouest de la Méditerranée, les moussons est-africaines et les moussons indiennes. Ces deux derniers constituent en particulier une « zone de convergence intertropicale » puissante qui, lors des périodes interglaciaires, s’est déplacée vers le nord depuis sa position actuelle, apportant de l’eau et de la vie à la péninsule arabique. Cela a été clairement démontré par Richard Jennings à l’aide de modèles climatiques mondiaux. »

Dans un article publié dans la revue Science le 29 août 2014, Andrew Lawler confirme : « Les modèles climatiques suggèrent que durant les périodes interglaciaires, ce verdissement s’étend à travers la péninsule. Selon les modèles, le système de mousson glisse vers le nord, inondant ce qui est maintenant le désert pendant plusieurs milliers d’années ou plus encore avant de reprendre sa route plus typique vers le sud. » Plus loin, il écrit : « Pendant les périodes humides, les lacs se sont remplis, les rivières ont coulé et l’Arabie a connu un environnement semblable à celui de la savane est-africaine. » Il ajoute : « Il pourrait y avoir des dizaines de milliers d’anciens lacs et de zones humides en Arabie datant des périodes humides, explique Paul Breeze du Collège Royal de Londres, un hydrologue qui a déjà identifié 1 300 sites de paleolacs et de zones humides dans seulement 10% de la péninsule arabique. » Reliant ces phénomènes climatiques à l’annonce du Prophète, Andrew Lawler écrit : « Selon le prophète Muhammad, le Jour du jugement ne viendra pas “avant que la péninsule arabique ne retrouve sa verdure et ses rivières”. L’idée que les dunes de sable et les montagnes nues d’Arabie étaient autrefois verdoyantes a longtemps exigé un acte de foi. » Autrement dit : il ne s’agit plus aujourd’hui d’une simple croyance, mais d’une réalité scientifique.

Rien ne pouvait indiquer au Prophète, il y a plus de quatorze siècles, que l’Arabie, l’une des régions les plus arides de la terre, fut verte et humide dans un lointain passé et qu’elle deviendrait à nouveau une terre baignée de rivières et à la végétation verdoyante.