La réponse à cette question en surprendra plus d’un : le mont Sinaï ne serait pas en Egypte, comme le veut la tradition depuis plusieurs siècles, mais en…Arabie. C’est, dit-on, au 4ème siècle de l’ère chrétienne, soit bien après l’Exode que l’on situe entre 1250 et 1230 avant J.C., que l’emplacement du mont Sinaï aurait été fixé, sans aucun élément tangible, après une vision de l’empereur Constantin ! L’opinion selon laquelle le Sinaï serait en réalité en Arabie a aujourd’hui l’approbation d’une grande partie de la communauté académique, y compris de spécialistes réputés comme Hershel Shanks, éditeur de la Biblical Archaeology Review, ou Frank Moore Cross, professeur d’hébreu à Harvard (Voir, pour plus de détails, le site en anglais : www.wyattmuseum.com).
Ceux qui s’étonnent d’une telle affirmation seront plus étonnés encore d’apprendre que Paul, l’homme le plus influent du christianisme, situe lui-même le mont Sinaï en Arabie, et ce, en Galates 4, 25 où il écrit sans ambiguïté : « Car Agar, c’est le mont Sinaï en Arabie. » Les chrétiens se gardent bien de citer ce texte qui détruit la thèse officielle et place l’Arabie au centre de la Révélation divine puisque c’est là que Moïse aurait reçu les Tables de la loi et que le Coran a été révélé à Mouhammad.
Même son de cloche chez le plus fameux historien juif, Flavius Joseph qui, dans ses Antiquités judaïques, situe le mont Sinaï dans la région de Madian où Moïse a trouvé refuge après avoir fui l’Egypte. Or, le Dictionnaire de la Bible Vigouroux en se fondant notamment sur des écrits d’Eusèbe et de Jérôme, qui parlent d’une « cité de Madian, au sud de la province romaine d’Arabie, à l’orient de la mer Rouge, vers le désert des Sarrasins », situe Madian au nord-ouest de l’Arabie (Dictionnaire de la Bible Vigouroux, tome quatrième, première partie, p. 533-534). Flavius Joseph précise même que le mont Sinaï est « la plus haute montagne de cette région ». Deux passages du chapitre 3 de l’Exode accréditent l’avis de Flavius Joseph. Dans le premier, l’on apprend que « Moïse faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, sacrificateur de Madian. Et il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb. » (Exode 3, 1) Horeb est un autre nom biblique du mont Sinaï comme l’explique le Dictionnaire de la Bible d’André-Marie Gérard (p. 530).
Quelques versets plus loin, l’Eternel, après avoir ordonné à Moïse de retourner en Egypte afin de délivrer son peuple sous le joug de Pharaon, ajoute : « Je serai avec toi. Et ceci sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir d’Egypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne. » (Exode 3, 12) Or, c’est immédiatement après la sortie d’Egypte que Moïse reçoit les tables de la loi sur le Sinaï.
Alexandre Westphal résume parfaitement ce point de vue à l’article de son Dictionnaire encyclopédique de la Bible consacré à Madian : « D’après les données assez vagues de l’Ancien Testament (Genèse 25.6 ; Juges 6.3 ; 1Rois 11.18 ; Esaïe 60.6) et celles de Joseph (Antiquités judaïques, II, 11.2), d’Eusèbe (Onomast.) et de Ptolémée (VI, 7.2), on place le pays de Madian sur la côte orientale du golfe Aelanitique (Akaba), au nord-ouest de l’Arabie. » Alexandre Westphal conclut donc : « On devra donc localiser Horeb (Sinaï) dans l’Arabie du nord (Exode 3.1, cf. Galates 4.25) ». A l’article « Sinaï », Alexandre Westphal écrit donc, au sujet du mont Sinaï : « Beke (Discoveries of Sinai in Arabia and of Midian, Londres, 1878), suivi par Sayce (Higher Criticism and the Monuments, pages 263ss) et par d’autres critiques, le place en Madian. »
Côté musulman enfin, Ibn Taymiyyah appelé à juste titre « le cheikh de l’islam » par les orientalistes eux-mêmes, compte tenu de son érudition inégalée, écrit dans son fameux Al-jawab as-sahih li man baddala dina al masih que « le désert situé entre le Hedjaz et le mont Sinaï est appelé le désert de Paran », ce qui place nécessairement le mont Sinaï en Arabie. Nous démontrerons d’ailleurs, dans un article à venir, que le désert de Paran est le désert du nord de l’Arabie contrairement à ce qu’affirme les commentateurs chrétiens qui le situent également dans la péninsule du Sinaï. Il est clair d’ailleurs que c’est l’erreur de localisation du mont Sinaï qui a conduit à celle situant le désert de Paran dans la péninsule égyptienne du Sinaï.
Tiré du livre : 100 preuves irréfutables, Mouhammad est le Prophète de Dieu.